Maryann Ezenagu : modèle de détermination et de courage

"Quand je jouais à CI Angels, j'ai été convoquée chez les Super Falcons. Je n'ai pas honoré l'appel à ce moment-là parce que j'avais peur et je sentais que j'étais trop jeune", c'est en ces mots que Maryann Ezenagu s'est confiée à CAFOnline.com au sujet de sa première convocation en sélection nationale senior du Nigeria en avril 2013.

C'était à l'occasion de la préparation du match amical entre le Nigeria et le Japon quelques jours seulement après que la jeune sensation encore méconnue du public a joué le rôle principal dans le match nul 2-2 entre CI Angels et Rivers Angels lors d'une rencontre de la Premier League féminine nigériane à Asaba. Née à Asaba de parents Igbo, Ezenagu, qui est la dernière née d'une famille de neuf personnes, a subi les remontrances régulières de son père lorsqu'elle a décidé d'embrasser une carrière dans le sport.

"J'ai commencé à jouer alors que j'étais au lycée (Asaba Girls Grammar School). Mon père ne voulait pas que je joue au football parce qu'il considérait que je pratiquais un sport dédié seulement aux garçons. Il me battait souvent quand je rentrais à la maison après avoir joué", raconte-t-elle. "Alors que je jouais avec les garçons, un entraîneur m'a emmené à CI Angels à la fin mes études secondaires, c'est à ce moment-là que mon père m'a finalement autorisée à jouer. Je pense qu'il était préoccupé par mon éducation et pendant que j'étais à Delta Queens, j'ai continué à École Polytechnique Delta. Maintenant, mon père me soutient et m'appelle tout le temps pour prendre de mes nouvelles."

"Le fait de terminer meilleure buteuse de la zone [UFOA B] et de gagner le titre de joueuse du match à trois reprises m'a vraiment rendue plus populaire." Maryann Ezenagu

Ezenagu a commencé son aventure dans les rues d'Asaba, la capitale de l'État du Delta au sud-sud du Nigeria, au moment même où certaines stars féminines commençaient à rivaliser avec leurs homologues masculins. L'équipe nigériane basée à Agbor, CI Angels, a enrôlé la jeune filles avant que ses exploits en 2014 ne lui ouvrent la voie vers Delta Queens, où elle a passé six ans. Des années au cours desquelles elle a joué pour le Nigeria notamment lors de la Coupe du Monde Féminine U17 de la FIFA 2016. . En 2020, elle se sépare de Delta Queens pour rejoindre Rivers Angels avec qui elle remporte dès sa première saison le titre en avril 2021, le septième pour le club. La jeune femme de 20 ans vit en rêve et savoure son tout premier titre en carrière avec Rivers.

"Je suis très heureuse d'être ici à Rivers Angels. Avant de venir ici, j'ai reçu une offre pour rejoindre Bayelsa Queens - un autre bon club mais j'ai choisi Rivers. Je suis une joueuse disciplinée et je voulais un club qui m'aiderait à être plus disciplinée."
, dit-elle quant à son choix de jouer avec le club de Port Harcourt.
" Venir à Rivers est un rêve devenu réalité. Ca n'a pas été pas facile pour nous, en particulier lors du Super Six de la Ligue nigériane à Ijebu Ode. Nous avons obtenu un nul lors du premier match et j'étais préoccupée à l'idée de ne pas gagner de titre avec Rivers". "Je n'ai pas abandonné et avec les meilleures joueuses de l'équipe, nous nous sommes motivées pour gagner les matchs restants et avons remporté le titre. J'ai compris que c'était une bénédiction pour moi de jouer pour Rivers."

La milieu de terrain offensive a brillé lors des éliminatoires de la Ligue des Champions Féminine de la CAF TotalEnergies, organisées par l'UFOA B à Abidjan. Elle y a marqué sept buts et a également remporté le titre de joueuse du match à trois reprises. Malgré sa belle forme, les championnes nigérianes ont terminé deuxièmes du tournoi pour décrocher un billet pour l'Égypte.

"J'ai toujours mis la même énergie lors des entrainements et pendant les matches. Pendant le tournoi (à Abidjan), j'ai marqué très facilement mes buts avec la même discipline sur le terrain"
, a-t-elle déclaré.
"Je ne peux pas oublier l'expérience de jouer à Abidjan, en Côte d'Ivoire car, pendant les matchs, j'entendais les fans crier mon nom et j'ai également reçu beaucoup de cadeaux en espèces après chaque match. Le fait de terminer meilleure buteuse de la zone et de gagner le titre de joueuse du match à trois reprises m'a vraiment rendue plus populaire."

"En allant en Egypte, personnellement je ne baisserai pas la garde. Je promets de faire plus pour aider mon équipe. Je crois fermement que le meilleur est encore à venir et qu'on le verra sûrement en Égypte."

La défaite 3-1 en finale contre les Ghanéennes de Hasaacas Ladies laisse des souvenirs tristes.

"Nous les avons battues en phase de groupes, et nous pensions que nous les connaissions mieux, ainsi que leur schéma mais elles ont marqué très tôt et nous avons eu du mal à égaliser en première mi-temps"
, a-t-elle expliqué.
"Je me suis blessée cinq minutes après le début du match, et cela m'a déstabilisée parce que je ne pouvais pas jouer. J'ai appelé pour être remplacé, mais ils m'ont demandé de tenir. Évidemment, je n'arrivais pas à jouer. Je sentais que c'était le jeu de nos adversaires qui pouvait me sortir du match. "Je pense que cela a affecté l'équipe et cela a pesé sur tout le monde. Nous nous sommes senties très mal en tant qu'équipe d'avoir perdu le trophée contre Hasaacas Ladies. Notre consolation a été d'obtenir un billet pour la finale en Egypte."

À Benin City, Rivers Angels a subi une nouvelle déconvenue en finale lors de la Coupe Betsy Obaseki, en s'inclinant 4-3 aux tirs au but contre Bayelsa Queens. Ezenagu n'a pas pu cacher sa douleur après les défaites consécutives en finale, mais est toujours optimiste à propos des chances de Rivers Angels en Ligue des Champions Féminine TotalEnergies.

"J'ai été déçue honnêtement de perdre deux finales en l'espace de quatre mois. Je pense juste que c'était peut-être destiné à arriver. Je me sentais très mal de perdre la finale aux tirs au but."
a-t-elle admis.
"Même si nous avons perdu, nous avons joué contre des équipes fortes et je pense que ces matches ont été un bon test pour nous endurcir. Nous ne pouvons pas nous permettre de perdre une autre finale. En tant qu'équipe, nous devons jouer avec notre cœur et donner tout ce qu'il faut pour rendre le pays fier. Ce ne sera pas facile pour nous, mais je pense que nous ramènerons le trophée à la maison. "En allant en Egypte, personnellement je ne baisserai pas la garde. Je promets de faire plus pour aider mon équipe. Je crois fermement que le meilleur est encore à venir et qu'on le verra sûrement en Égypte."

Ezenagu et Rivers Angels viseront un départ gagnant contre AS FAR du Maroc le 6 novembre et affronteront Mamelodi Sundowns d'Afrique du Sud trois jours plus tard avant d'affronter Vihiga Queens du Kenya le 12 novembre 2021.